Présidentielle 2025 / Eviter la crise post-électorale : ‘’Préservons la case de nos aïeux, ne rallumons pas les braises’’

La Présidentielle d’octobre 2025 avec les conditions de participation à cette élection, les candidats acceptés ou radiés de la liste électorale continue d’alimenter les débats, tant sur l’espace public que dans les salons. Les Ivoiriens ont encore en tête la crise post-électorale avec résultat officiel 3000 morts. C’est pourquoi ils en appellent à la lucidité du Chef de l’Etat Alassane Ouattara, quant à sa tentative de 4e mandat. ‘’Mieux vaut prévenir que guérir’’ dit-on. Contribution !

Côte d’Ivoire : entre mobilisation politique et devoir de lucidité démocratique 

À quelques mois des grandes échéances politiques, la Côte d’Ivoire vit une séquence charnière où l’engagement partisan se heurte aux exigences de transparence et de responsabilité. Le récent congrès du RHDP, les intentions encore voilées du Président de la République, ainsi que les incertitudes liées au climat électoral appellent à une réflexion sereine mais ferme.

Un congrès spectaculaire, reflet d’une machine bien huilée

Le deuxième congrès ordinaire du Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP) s’est tenu dans une atmosphère de ferveur maîtrisée. L’organisation fut à la hauteur des ambitions : rigueur logistique, mobilisation de masse, synchronisation parfaite des discours et des symboles. Ce succès, s’il impressionne, n’a cependant rien d’étonnant. Le parti au pouvoir dispose d’importants leviers économiques, d’un tissu humain structuré, et bénéficie d’un environnement patronal bienveillant. Il ne serait pas excessif d’affirmer que la participation fut aussi stimulée par des "encouragements" financiers, dans un pays où la précarité rend les populations sensibles à de telles sollicitations.

Le Président et le jeu des prolongations : entre droit et légitimité

Le silence calculé du Chef de l’État sur une éventuelle candidature pour 2025 alimente les spéculations. Avec quinze années au sommet de l’État, l’homme fort d’Abidjan pourrait théoriquement prétendre à un nouveau mandat, selon l’interprétation actuelle de la Constitution. Mais au-delà de la légalité, se pose la question de la légitimité et du sens républicain. Pourquoi faire durer le suspense, alors que l’ampleur des moyens déployés laisse peu de doute sur ses intentions ? Pour reprendre les mots du général De Gaulle dans un tout autre contexte : « Je vous ai compris ». Le message est passé, même s’il n’a pas encore été officiellement énoncé.

Le temps du dialogue, pour prévenir les fractures à venir

Dans un climat aussi tendu, il est important de rappeler une évidence trop souvent reléguée : la démocratie ne saurait se réduire à des manifestations de force. Il est vrai que la prudence s’impose face aux décisions de justice, sous peine de poursuites. Mais il n’en demeure pas moins que l’avenir politique de notre nation ne peut reposer sur des calculs à courte vue. Nous appelons donc à l’ouverture urgente d’un véritable dialogue politique, afin d’aplanir les différends, restaurer la confiance et garantir des élections justes, transparentes et inclusives.

Enfin, si le Chef de l’État estime que son bilan est inattaquable, c’est précisément ce socle qu’il doit présenter avec fierté, sans s’agripper indéfiniment au pouvoir. Les tragédies post-électorales de 2010 et 2020 ont laissé des blessures encore vives. Préservons la case de nos aïeux, ne rallumons pas les braises. L’histoire, toujours, juge avec rigueur ceux qui auront préféré l’héritage à l’excès de pouvoir.

Une contribution de Boubacar KONE, 

Professeur certifié de mathématiques à la retraite, 

Libre penseur de Kanakono (Tengrela)

(Ndlr : Le titre et le chapeau sont de la rédaction)

361
A lire aussi